La Cour suprême du Bénin trace un cap vers l’excellence et la modernisation
La Cour suprême du Bénin a ouvert solennellement, le vendredi 31 octobre 2025, l’année judiciaire 2025-2026, en présence de nombreuses personnalités du monde judiciaire, politique et diplomatique. Placée sous le thème « Les défis contemporains de la justice béninoise », cette audience a permis de dresser le bilan de l’année écoulée, de dégager les orientations stratégiques et de réaffirmer l'engagement des acteurs judiciaires pour une justice moderne, accessible et efficace.
Dès l’ouverture, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin a rappelé le rôle central du barreau dans le fonctionnement harmonieux de la justice. « C’est ensemble, magistrats et avocats, que nous devons relever les défis de la justice béninoise », a-t-il déclaré, insistant sur la rigueur, la probité et la coopération entre les différents acteurs, ainsi que sur la nécessité du dialogue et de la cohésion pour renforcer l’État de droit et restaurer la confiance des citoyens dans la justice.
Dans sa réquisition, le Procureur général près la Cour suprême a d’abord salué le dévouement, la disponibilité et le professionnalisme des magistrats et du personnel du parquet général, avant de rendre un hommage appuyé à son prédécesseur, Onésime MADODE, pour le travail remarquable accompli. Il a également honoré la mémoire des illustres magistrats disparus, Nestor DAKO et Pierre EHOUMI, dont le parcours continue d’inspirer leurs pairs.
Présentant un bilan chiffré éloquent, il a indiqué que mille vingt-neuf (1 029) conclusions avaient été rendues au cours de l’année judiciaire 2024-2025, avec des délais largement inférieurs à ceux fixés par la loi. Aucun dossier n’est en attente au parquet général, a-t-il précisé, saluant la rigueur, la discipline et la solidarité de son équipe. Ce résultat, a-t-il ajouté, illustre la vitalité et la continuité du parquet général, qui a su préserver et amplifier l’héritage laissé par ses devanciers.
Abordant le thème de la rentrée, le Procureur général a mis en lumière les défis contemporains de la justice béninoise : encombrement des juridictions, judiciarisation croissante de la vie sociale, surpopulation carcérale et besoin d’une justice plus humaine et accessible. Il a exhorté à encourager davantage les modes alternatifs de règlement des différends, capables d’alléger les charges des tribunaux et de restaurer la paix sociale.
Il a également insisté sur deux enjeux majeurs : la sécurité et le numérique. Selon lui, la lutte contre la violence terroriste et les cyber-infractions doit s’inscrire dans une approche équilibrée, conjuguant fermeté et respect des droits humains. Il a plaidé pour un renforcement de la formation continue des magistrats afin de mieux intégrer les outils numériques et anticiper les mutations du droit. Enfin, il a rappelé que l’indépendance de la justice demeure le socle de la démocratie, et que chaque magistrat doit l’incarner à travers son intégrité, sa compétence et son courage.
Le Président de la Cour suprême, Victor Dassi ADOSSOU, a ensuite dressé le bilan des activités de l’année écoulée et présenté les grandes orientations de la nouvelle année judiciaire. Il a salué la réussite du Concours d’Excellence de l’AA-HJF, dédié à la mémoire du grand magistrat Mamadou Badio CAMARA, ancien Président du Conseil constitutionnel du Sénégal, décédé le 10 avril 2025. Ce concours, qui a rassemblé dix participants de plusieurs pays africains, a été évalué par un jury international présidé par Madame Christine DESOUCHES. Le lauréat, Vetinkpon Gilbert KINGBE, de nationalité béninoise et docteur en droit public, a été chaleureusement félicité, de même que les membres du jury, parmi lesquels Maîtres Bernard VATIER, Robert DOSSOU, Abraham ZINZINDOHOUE, et les Professeurs Fabrice HOURQUEBIE, Joseph MAÏLA et Alioune TINE.
Le Président a rendu hommage à l’ensemble du personnel de la Cour, saluant l’abnégation et le dévouement de chacun, avec une mention particulière à Ambroise GBAGUIDI, conducteur de véhicule administratif décédé durant l’année. Il a également rendu hommage aux doyens et anciens serviteurs de la Cour, ainsi qu’aux Procureurs généraux Pierre EHOUMIi et Nestor DAKO. Il a exprimé son appréciation au Président de la Chambre administrative, Ibrahim David SALAMI, pour son rôle exemplaire et son engagement constant.
Évoquant les défis historiques persistants inadéquation de la carte judiciaire, lenteur des procédures, inégalités d’accès au juge, exigence d’intégrité et de compétence , il a rappelé que la croissance économique du pays impose de nouveaux impératifs : sécuriser les droits des acteurs économiques, garantir l’accès à la justice pour tous, y compris les populations vulnérables, et assurer une gouvernance juridique cohérente.
Face aux défis sécuritaires, le Président a souligné que le phénomène terroriste, mêlant guérilla, technologie et cyber-réseaux, appelle une riposte judiciaire moderne et coordonnée. Le Bénin y répond par une approche globale : développement socio-économique, sécurisation frontalière via l’opération Mirador, et création de la CRIET pour adapter la réponse pénale. La coopération internationale, la coordination interservices et l’usage des outils numériques constituent, selon lui, les leviers d’une justice efficace et résiliente.
Le Président a défini quatre axes structurants pour les années à venir : efficacité et célérité, digitalisation, spécialisation et transparence. L’objectif est de réduire les délais de traitement, développer la plateforme e-arrêt, garantir la sécurité et la traçabilité des données, renforcer l’expertise sur les litiges complexes et publier régulièrement les arrêts afin de consolider la confiance du public et l’État de droit.
En conclusion, il a réaffirmé sa confiance dans les magistrats, auditeurs, greffiers et personnels de la Cour, ainsi que dans la jeunesse béninoise, capable de conjuguer modernité et sagesse traditionnelle. Il a exprimé sa gratitude au Président de la République, Son Excellence Patrice TALON, pour son soutien constant à la modernisation et à l’indépendance du pouvoir judiciaire.
« La Cour suprême restera fidèle à sa mission constitutionnelle : boussole de légalité, de rigueur et de stabilité», a-t-il affirmé.
La Vice-présidente de la République, représentant le Chef de l’État, a rendu hommage au Président Victor Dassi ADOSSOU pour ses quatre années de leadership marquées par son engagement à renforcer la confiance des citoyens dans la justice. Elle a salué les performances remarquables de la haute Juridiction, qui a rendu plus de 900 décisions, dont 852 par la Chambre judiciaire et 63 par la Chambre administrative. Elle a insisté sur la régularité des audiences, la diffusion numérique des arrêts, la publication des recueils de jurisprudence et la reddition des avis juridiques, témoignant d’une justice en pleine modernisation.
Elle a souligné que cette rentrée judiciaire, dans un contexte de transformations profondes socio-économiques, technologiques, numériques, environnementales et sécuritaires ,appelle à des stratégies innovantes et anticipatrices pour réduire les délais, simplifier les procédures et renforcer les compétences des magistrats face aux litiges contemporains : justice réparatrice, cybercriminalité, foncier, féminicides, criminalité transfrontalière et environnement.
Elle a rappelé que la réussite de cette mission relève d’une responsabilité collective, mobilisant pouvoirs publics, société civile, chercheurs et citoyens.
Enfin, au nom du Président de la République, Son Excellence Patrice TALON, elle a souhaité à tous les magistrats et personnels judiciaires une bonne entrée judiciaire et une année 2025-2026 fructueuse, placée sous le signe de l’excellence, de l’innovation et de la confiance du public.
Cell.Com Cour Suprême du Bénin
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